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Blog de Samir Ghezlaoui

Achour Idir, porte-parole du CLA, à Tribune Des Lecteurs: "Le ministre veut semer le doute "

17 Février 2010 , Rédigé par Samir Ghezlaoui Publié dans #Actualité

Achour Idir, porte-parole du CLA, à Tribune Des Lecteurs: "Le ministre veut semer le doute "


Interview réalisée par Samir Ghezlaoui

In Tribune Des Lecteurs du 17/02/2010

 

Le porte-parole du Conseil des Lycées d'Algérie (CLA), M. Achour Idir, nous livre ses impressions et ses prévisions par rapport aux débrayages répétés que connaît le secteur de l'éducation nationale en Algérie depuis plusieurs mois. Lui-même enseignant à Béjaia, il dénonce la dégradation du niveau social de cette frange importante dans notre pays ce qui est dû, selon lui, à la fuite en avant des responsables de la tutelle et l'absence d'une réelle volonté politique pour sortir ce secteur de ses latences. En fait, c'est un SOS qu'il lance vers les responsables du secteur et ses camarades des autres syndicats pour tenter de sauver ce qui reste à sauver en optant pour des solutions durables de cette crise multidimensionnelle du secteur de l'éducation.

Quelle est votre analyse de la situation sociale que vit actuellement l'Algérie, notamment les différents débrayages?
La politique économique adoptée par le gouvernement depuis des années n'encourage ni la consommation ni la production. Ce qui a provoqué une dégradation flagrante du pouvoir d'achat de tous les salariés d'un côté, et de l'autre côté l'augmentation du taux de chômage et la précarité de l'emploi. Contrairement au discours officiel qui avance des indices macro-économiques positifs, les indices micro-économiques sont en alerte maximale. La situation sociale de plus de 90% des Algériens est dans la zone rouge ce qui ne les laisse pas indifférents.

 

Le secteur de l'éducation ne cesse de connaître des mouvements de contestation mais sans résultats significatifs. A votre avis, pourquoi cette stérilité ?
Les luttes menées dans le secteur de l'éducation depuis quelques années ont arraché des acquis. Toutefois, ces gains demeurent en dessous des attentes des fonctionnaires de notre secteur qui ont cru aux différentes promesses données pendant des années par la tutelle pour une réelle prise en charge de leurs revendications. Effectivement, dès que la lutte s'arrête ou fait une pause, les responsables entrent dans un mutisme qui ne peut trouver une explication en dehors du fait qu'ils cherchent à calmer les esprits pour gagner du temps au détriment de l'intérêt des élèves et des travailleurs du secteur.

 

Que pensez-vous de la nouvelle méthode de communication de " Lettre ouverte " adoptée par le Ministère de la tutelle ?
Le mensonge, la menace, les intimidations ont été de tout temps les réponses privilégiées du ministre à tout mouvement de lutte dans le secteur. Quant à la lettre ouverte, c'est une ancienne méthode qui a comme objectif de semer le doute entre les travailleurs et leurs représentants syndicaux ainsi que le discrédit de l'action syndicale vis à vis de l'opinion publique.

 

Qu'en est-il des revendications du CLA ?
Le CLA est né autour de trois revendications principales qui sont : une politique salariale permettant un pouvoir d'achat décent. Un statut particulier digne pour les travailleurs du secteur de l'éducation et une retraite après 25 ans de service. En plus de ses revendications, le CLA s'inscrit dans la défense de l'école publique et de sa qualité. Malgré les différentes luttes entamées depuis 2003, nos revendications demeurent toujours sans réponses satisfaisantes.

 

Envisagez-vous de nouvelles actions dans l'immédiat ?
Effectivement, après une attente qui a duré plus de deux mois depuis l'arrêt de la grève du mois de novembre dernier, le CLA a organisé une journée de protestation le 27 janvier et entrera en grève ouverte à partir du 21 février prochain. Cette action sera accompagnée par des rassemblements au niveau du minisère de l'Education nationale et du palais du gouvernement.

 

Quelles sont les alternatives que propose votre syndicat comme solutions durables pour la crise qui ronge le secteur de l'éducation depuis plusieurs années ?
A mon sens, il est temps de procéder d'urgence à la satisfaction des doléances et des revendications soulevées par les travailleurs du secteur et inscrites dans les différentes plates formes de revendications des syndicats. Nous pourrons, ainsi, instaurer un véritable dialogue entre la tutelle et les différents acteurs intervenant dans le secteur (enseignants, inspecteurs, administrateurs,…etc) afin de trouver les meilleurs moyens et outils qui permettront à l'Algérie d'avoir un système éducatif performant et accessible à tous les Algériens.

 

On vous laisse le soin de conclure…
Le système éducatif algérien est malade sur le plan pédagogique (contenus des programmes, surcharge des classes, surcharge des emplois du temps,…etc) et sur le plan socioprofessionnel des travailleurs du secteur (salaire de misère, statut dévalorisant du métier, plus de 80% des travailleurs du secteur meurent avant le départ à la retraite,…etc). Devant cette situation dramatique, les pouvoirs publics continuent dans leur mutisme malgré l'existence de moyens pour la prise en charge de toute cette situation. Je conclue en lançant un appel à tous les travailleurs qui doivent se mobiliser autour de leurs revendications en se mettant en lutte car la lutte est le seul moyen de les faire aboutir.

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